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Colonel Spontini

Pourquoi le pouvoir dirait-il la vérité ?

Jacques Généreux s'adresse aux électeurs de François Fillon

Publié le 1 Avril 2017 par Colonel Spontini

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Corrompus nos politiciens ? Vous croyez ?

Publié le 14 Mars 2017 par Colonel Spontini

Voici trois introductions de trois articles à la suite les uns des autres pêchés le 14 mars 2017 sur le site figaro.fr

Soupçons d'emplois fictifs : François Fillon mis en examen

François Fillon le 21 février 2017 lors d'un discours au palais Brongniart.

NOUVEAULe candidat Les Républicains à la présidentielle a été inculpé pour «détournement de fonds publics, complicité et recel d'abus de biens sociaux et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique».

Marine Le Pen soupçonnée d'avoir sous-évalué son patrimoine

Marine Le Pen à Châteauroux ce samedi.

Le fisc l'accuse d'avoir sous-évalué la valeur de ses parts dans deux biens, possédés conjointement par son père. La candidate pourrait se voir bientôt assujettie à l'impôt sur la fortune.

Macron: pourquoi sa déclaration de revenus et de patrimoine suscite la polémique

NOUVEAULE SCAN ÉCO - L'association Anticor a annoncé lundi avoir saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique pour lui demander de vérifier la déclaration de revenus et de patrimoine d'Emmanuel Macron. L'écart entre ses revenus et sa fortune déclarée pose notamment question.

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Pourquoi la vérité nous importe-t-elle si peu ?

Publié le 13 Mars 2017 par Colonel Spontini

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Ils savent communiquer, s’entraider, se défendre… ! Les arbres sont des êtres doués de sensibilité et d’intelligence...

Publié le 13 Mars 2017 par Colonel Spontini

Ils savent communiquer, s’entraider, se défendre… ! Les arbres sont des êtres doués de sensibilité et d’intelligence...Ils savent communiquer, s’entraider, se défendre… ! Les arbres sont des êtres doués de sensibilité et d’intelligence...
Ils savent communiquer, s’entraider, se défendre… ! Les arbres sont des êtres doués de sensibilité et d’intelligence...
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La parole donnée, victime de la semaine

Publié le 3 Mars 2017 par Colonel Spontini

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Une enquête pleine d'intérêt sur C. Taubira qui apparaît telle qu'elle est: girouette opportuniste & bêtasse exhibitionniste. Après avoir tué Jospin, elle va achever la gauche.

Publié le 23 Février 2017 par Colonel Spontini

Mi-janvier, "Marianne" consacrait une longue enquête-portrait à la Garde des Sceaux d'alors. Celle-ci vient de démissionner, en désaccord avec le gouvernement sur la déchéance de nationalité. L'occasion de republier le long portrait d'une femme politique adepte de la ligne courbe.

« Il n'y a pas de sujet », soufflait encore un conseiller d'un ministre proche du président de la République il y a quelques semaine à propos de Christiane Taubira. Son opposition à la déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus de terrorisme ? Circulez, il n'y a rien à voir. « Taubira fait du Taubira, rien de nouveau sous le soleil », grinçait un autre. « Hollande ne dit rien, car il a encore besoin d'elle », décryptait un ministre hollandais historique. Dans l'entourage du Premier ministre, on minimisait aussi la sortie tonitruante de celle que l'on considère comme une « tête à couacs ». « Pas grand-chose à dire sur Taubira à ce stade », lâchait un conseiller. On laissait juste entendre que le statu quo ne pouvait perdurer. L'opération exfiltration était donc enclenchée, mais en douceur. Un signe : les anti-Taubira, qui étaient si prompts à bondir quand Valls était ministre de l'Intérieur, se sont tenus tout cois. Les députés vallsistes n'ont pas réagi dans les médias aux récentes sorties et soties de la ministre. Comme s'ils attendaient avec impatience la décision présidentielle tant le sort de Taubira paraîssait intimement lié au prochain remaniement ministériel.

Finalement, elle sera partie d'elle-même. Quelques heures avant la présentation par Manuel Valls du projet de révision constitutionnelle - celui comprenant la déchéance de nationalité - devant la Commission des lois, le communiqué tombe : Taubira claque la porte, Taubira n'attend pas le remaniement annoncé. Elle se fend de deux tweets dans la foulée, dont celui-ci : "Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit." Un nouveau coup d'éclat, une nouvelle surprise dans une carrière qui n'en manque pas.

"ELLE ROMANCE"

Dans Mes météores (Flammarion), son autobiographie parue opportunément en 2012, où elle fait une profession de foi politico-littéraire qu'elle n'applique pas à la lettre (« Toujours inspirer l'envie de lire, d'exister, de batailler [...]. Sinon quitter l'arène »), Christiane Taubira montre l'étendue de ses goûts qui s'inscrivent au-delà de la vie des idées, soulignant, notamment, son admiration pour l'architecte Oscar Niemeyer qui « conteste l'angle droit et affirme que la courbe est la tendance naturelle du béton »Contester l'angle droit ? Taubira est une farouche adepte en politique aussi de la ligne courbe. Suivre son parcours peut donner le tournis. Un autre radical, aussi puits de culture, Edgar Faure, avait théorisé, autrefois, cette disposition très en vogue sous la IVe République en zézayant : « Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent. »

Quand elle raconte que son mari indépendantiste guyanais, a fait de la prison, lui dément fermement. Une façon de bâtir sa légende ?

On sait que le premier vent qui souffle sur la carrière politique de Taubira n'est pas un alizé, c'est celui de l'indépendantisme. C'est sur cette terre chaude et humide de Cayenne qu'elle s'éveille à la politique. En 1978, la jeune économiste sans doctorat intègre le mouvement guyanais de décolonisation, dirigé par Roland Delannon. Ce dernier deviendra plus tard son mari, et le père de ses quatre enfants. Commencent alors des années de militantisme. Et de clandestinité, Delannon est recherché partout. « Tous les deux jours, je devais changer de lieu, tout en trimbalant un bébé de 2 mois », se souvient-elle dans une interview à StreetPress. Taubira y affirme que son mari a été emprisonné pendant un an et demi. Lui, pourtant, dément fermement dans la seule biographie à ce jour de la ministre, le Mystère Taubira, de Caroline Vigoureux * : « Je n'ai jamais été arrêté, je n'ai jamais fait de prison. » Qui dit vrai ? Un connaisseur des milieux indépendantistes, cité dans le même ouvrage, explique abruptement : « Elle romance et légende certaines périodes de sa vie pour apparaître comme quelqu'un de grand.»

AU CENTRE GAUCHE

En 1981, l'élection de François Mitterrand vient apaiser le climat politique en Guyane. L'espace politique occupé par Delannon et les siens se réduit comme peau de chagrin. Les époux cabotent vers d'autres rivages. Taubira abandonne-t-elle définitivement l'indépendantisme qui reste une amulette électorale ? La réponse est déjà ambiguë. La preuve en décembre 2011, à la veille d'entrer dans le jeu de la primaire socialiste, elle déclare : « Moi, je n'ai pas un discours indépendantiste, j'ai une pratique militante indépendantiste. » Du pur Edgar Faure rappelant la fameuse et fumeuse formule l'« indépendance dans l'interdépendance ».

A l'époque, Taubira est enseignante. Elle prend la tête de plusieurs institutions comme le Conservatoire national des arts et métiers de Guyane ou l'Office de coopération et du commerce extérieur. Elle assure qu'en 1992, c'est en chercheuse qu'elle se rêve, mais, piquée par la tarentule de la politique, elle cède à l'affectueuse-pression-de-ses-amis. Elle cofonde avec son mari le mouvement Walwari qui signifie « Eventail » en créole et en prend la présidence pour y faire régner une discipline de fer. Cet Eventail s'ouvre très largement à tout ce qui n'est pas le Parti socialiste guyanais (à cette époque, le vent souffle dans les voiles de tout ce qui est au centre gauche). Sa candidature aux législatives est accompagnée de pétitions populaires. Taubira s'attache les services de son mari comme directeur de campagne. Elue ! Avec plus de 55 % des voix. Ce sera un de ses rares succès locaux.

Elle échouera ainsi à prendre la mairie de Cayenne, la grande ville de Guyane, en 1995 et en 2001, et subit une rude défaite lors du scrutin régional de 2010. Des souvenirs cuisants qui la conduiront plus prudemment à renoncer à se présenter en 2012 aux législatives, alors que François Hollande a prévenu que tout ministre battu devra abandonner son maroquin, et aux dernières régionales à ne prendre que la 11e place sur la liste Walwari/Guyane Ecologie. Une bonne inspiration, car la liste recueille toute mouillée 7,1 % des suffrages, pas vraiment un tabac. Il est vrai aussi que sa formation n'est qu'une coquille vide ou plutôt une petite boutique familiale : le secrétaire général est son beau-frère, et sa fille dirige la branche jeune du parti. Elle s'en moque. Pas de militants, pas de conflits. C'est le modèle partisan des années 90 lancé par Génération Ecologie de Lalonde puis revisité par Le Pen et un certain Bernard Tapie lorsqu'il mène son OPA sur les radicaux de gauche en lançant Energie radicale. Adieu, Cayenne et les épices indépendantistes, adieu, Delannon, qui ira jusqu'à se présenter contre son ex-femme et, surtout, à nous deux, Paris !

Christiane Taubira fait son entrée à l'Assemblée nationale en 1993, comme députée de Guyane. « Pas question pour elle de rejoindre les socialistes, alliés à ses adversaires locaux du Parti socialiste guyanais, écrit Caroline Vigoureux. Elle choisit d'intégrer un petit groupe baptisé République et liberté qui rassemble des députés de droite comme de gauche. » On y trouve notamment un certain Bernard Tapie. Vertige de la cohabitation, vestige de la IVe République, ce groupe croupion ne soumet ses membres à aucune consigne de vote. Le premier acte politique de Taubira est de voter la confiance au gouvernement Balladur. Le second sera de voter le budget de celui que Chirac appelle « l'étrangleur ottoman », ce qui n'est pas rien. Dans Mes météores, elle tente d'expliquer ce choix des plus baroques : « Rien dans ce discours [celui de Balladur] ne constituait un élément rédhibitoire à mon vote, dont le principe avait été décidé lors d'une assemblée générale de Walwari. » On rit. Une assemblée qui avait dû se tenir lors d'une réunion familiale. Bref, Taubira a 41 ans, elle est déjà rompue aux artifices de la vie politique et se cherche encore une étiquette, tout emplie d'elle-même et trop occupée à voir où souffle le vent.

AVEC TAPIE

Ce sera la bourrasque Tapie qui emportera son adhésion. En 1994, elle figure en quatrième position sur la liste Energie radicale. Comme l'homme qui les a castés, l'avocat Jean-François Hory (président à l'époque des radicaux de gauche), ils ont en commun l'envie de dynamiter le système dont ils sont issus, d'humilier Michel Rocard (souhait de François Mitterrand) et de s'adresser à l'électorat populaire en court-circuitant les intermédiaires. Voilà pour la méthode. Pour le projet, c'est aussi flou qu'un programme électoral de Walwari.

Quand une bête de scène rencontre une bête de scène, ils se racontent des histoires d'exploits rhétoriques et d'auditoires chavirés. La politique est le prolongement de la chanson, pour Bernard Tapie. Pour la députée de Guyane, le combat pour l'indépendance est une passion de jeunesse liée à un amour, un prétexte idéal pour se donner en spectacle. Pendant la campagne européenne, la future ministre de la Justice défend le futur repris de justice. Le 25 mai 1994, à la Maison de l'Europe, à Paris, lors d'une réunion de femmes, elle est interrogée sur l'affaire qui oppose Tapie et le Crédit lyonnais. « Pas d'états d'âme à propos de Bernard Tapie », balaie-t-elle. « J'ai appris à le connaître, dit-elle, et je sais qu'il n'y a pas d'ambiguïté sur ses positions concernant le racisme, l'immigration et la jeunesse. » Sur les affaires proprement dites, la députée « pose, de la Guyane, un regard distancié ». Circulez ! 

De Bernard Tapie, exprimant en 2005 son evie de revenir en politique, elle dit : « C'est une voix tonitruante qui fera du bien à la gauche. »

L'association de bretteurs fait des dégâts : la liste Energie radicale siphonne les voix de gauche et fait quasiment jeu égal avec le premier secrétaire du PS, Michel Rocard. Après ce coup d'éclat, la parlementaire vote contre la levée de l'immunité parlementaire de son compère, mais, quand Tapie se retrouve à la prison de Luynes, impliqué dans l'affaire de corruption OM-VA, Hory lui rend visite, pas Taubira. Néanmoins, en 2005, quand Tapie exprime son envie de revenir en politique après onze ans de purgatoire, la députée de Guyane lui fait bon accueil, déclarant : « C'est une voix tonitruante qui fera du bien à la gauche. » Mais les deux virtuoses du verbe et du coup d'éclat ont repris leur carrière en solo.

La dernière déclaration de l'acteur septuagénaire qui a annoncé son retour en politique, à propos de la déchéance de nationalité, est d'une folle ambiguïté : « L'effort à faire pour continuer d'être dans un gouvernement qui lui a imposé cette loi n'est pas incompatible avec sa morale. »

« Nous ne nous sommes plus parlé depuis qu'elle est garde des Sceaux, précise d'ailleurs Tapie. Au sujet de mes problèmes avec la justice, elle n'a pas bougé. Mais je ne peux pas la juger là-dessus. Elle a un talent oratoire énorme, elle est aussi très intelligente. J'ai une grande admiration pour elle, même si je ne suis pas d'accord avec la moitié de ce qu'elle dit. » Geste de solidarité envers une ministre en péril ou baiser qui tue ? « Ils n'ont pas de relations personnelles. Ils se servent l'un de l'autre, ou pas. Et c'est tout », commente un vétéran de la politique qui les a fréquentés.

La dernière fois que l'un a fait la courte échelle à l'autre, ce fut lors de ce drame politique pour la gauche que fut l'élection présidentielle de 2002. Comme le révèle dans son livre Caroline Vigoureux, Jean-François Hory, depuis l'aventure des européennes, rêve d'un nouveau casse politique et pousse la députée de Guyane à porter les couleurs bien pâlichonnes des radicaux de gauche à la présidentielle. Dans ces années-là, on vaticine autour de la gauche plurielle qui n'est pas encore la gauche plus rien. Par orgueil, le Premier ministre, Lionel Jospin, ne donne pas un feu rouge à des candidatures concurrentes. En mitterrandien, ce sera feu orange. Le premier secrétaire du PS, François Hollande, et ses proches y sont favorables, en bons Machiavel de sous-préfecture. « Ils ont non seulement laissé faire, mais presque suscité la candidature de Christiane. Ils pensaient qu'avec une dent de plus au râteau on ratisserait plus large »raconte aujourd'hui Aquilino Morelle.

L'Histoire veut que le râteau, ils se le prennent finalement dans les dents. Elle veut aussi que l'on retrouve Bernard Tapie, cette fois repris de justesse, venu appuyer l'OPA de son amie sur la petite troupe radicale, comme lorsqu'il débarque, le 13 mars 2002, au siège du parti et répète « c'est fabuleux » : « Parce que tu es femme, que tu es black...» Ce dernier élément n'a pas échappé à l'intéressée, rapporteur, l'année précédente, de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité. Une loi mémorielle pavée de bonnes intentions communautaristes et un enfer, comme l'ont souligné René Rémond et Pierre Nora, pour tout historien voulant se consacrer aux traites négrières pratiquées pendant plus de mille ans par les Orientaux et les Africains.

Toute critique ou tout obstacle durant cette campagne sont immédiatement catalogués comme sexistes et racistes, comme la candidate l'explique elle-même un mois avant le scrutin fatal : « Je me suis trouvée sur un terrain extrêmement viril où l'on m'accueillit avec beaucoup d'étonnement. L'étonnement dit tout des préjugés qui nourrissent le regard. La deuxième surprise vient du fait que je suis noire et donc censée être sous-développée. »

Le 21 avril, la sanction tombe. La future ministre de la Justice recueille 2,32 %, à peine plus que Michel Crépeau en 1981. Mais largement assez pour contribuer à la relégation de Lionel Jospin en seconde division. Durant cette période pourtant, l'immense majorité des critiques se porteront sur Jean-Pierre Chevènement qui avait eu l'outrecuidance de défendre non pas une posture mais un projet politique.

FLIRT AVEC SARKOZY

Parce qu'il est quand même de la famille socialiste, l'ancien ministre de la Défense peine à se défendre et se retire dans sa hautaine thébaïde. Avec son aplomb coutumier, Taubira, elle, passe à l'attaque, dénonçant une «conception inattendue de la démocratie» chez les socialistes. Dans son autobiographie, elle revient sur l'épisode et promet d'éviter de se «laisser abuser par les simulacres de peur comme au soir du 21 avril 2002. Peur paravent de ceux qui, plutôt que d'affronter l'humiliation d'avoir été défaits par un bateleur sans éclat, pointent, mettent à l'index, accusent, condamnent, lapident... dans leur propre camp». Elle envisage même de renouveler l'opération en 2007 ! Il faudra toute l'habileté de Jean-Michel Baylet, alors patron du PRG, pour la faire renoncer. Tout politique qui a goûté à la présidentielle devient addict à cette élection (on risque d'en voir les effets désastreux en 2017). En tout cas, ce qui explique son comportement actuel, Taubira se sent exempte de tout reproche. Jospin, évidemment, n'est pas du même avis. Alors qu'il croise Baylet, en 2013, dans un restaurant, l'«austère qui se marre», chose rare, sort de ses gonds : «Il faut arrêter de répéter que j'ai souhaité la candidature de Taubira, pour vous dédouaner du 21 avril ! Si je n'ai pas été élu, c'est à cause de vous !»

Jusque-là son parcours ne la prédispose pas à être le 28e garde des Sceaux de la Ve République et le 4e ministre par ordre protocolaire du gouvernement Ayrault. D'autant que l'on retrouve, encore une fois, la grande ombre de Tapie au début du quinquennat précédent quand, en 2007, tout à son casting pour donner de la consistance à sa stratégie d'ouverture, Nicolas Sarkozy envisage de la faire entrer dans le gouvernement Fillon comme secrétaire d'Etat à la Francophonie. Les anciens gaullistes (il en reste à cette époque encore un peu) regimbent. Mais le flirt ne s'arrêtera pas là. En janvier de l'année suivante, Taubira se fait inviter à un débat sur la présidence française de l'Union européenne. L'occasion de rencontrer Jean-Pierre Jouyet et de lui dire tout son intérêt sur les accords économiques et la question du développement. Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes est à l'époque un des grands rabatteurs du sarkozisme. Et c'est tout naturellement qu'en juillet le gouvernement demande à la députée de Guyane un rapport sur les négociations de libre-échange entre l'Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Rapport qui suivra un classement vertical. Qu'importe ! On entretient la flamme.

SOUTIEN DE MONTEBOURG

Cette flamme, Taubira va la déclarer au moment de la primaire du Parti socialiste non pas à un Jean-Michel Baylet tout déconfit, qui l'avait hébergée mais avait refusé de la soutenir, ni à François Hollande en dépit de Jouyet qui est, cette fois, hollandiste, mais à... Arnaud Montebourg, au passage grand admirateur d'Edgar Faure. C'est sans doute ce souvenir qui conduit ce dernier, en août 2014, à lui demander de rejoindre la petite escouade qu'il lève avec Benoît Hamon et Aurélie Filippetti. D'autant que la ministre de la Justice a laissé filtrer dans les gazettes son soutien à la démarche de son collègue du Redressement productif. Las ! La déception sera amère. C'est fermement que Taubira éconduit en privé le bel Arnaud et ses amis, qualifiés d'amateurs par la professionnelle de la politique qu'elle est devenue. Presque au point de demander à ses gens de sortir ces dangereux « gauchistes ». Ce qui ne l'empêche pas, quelques jours plus tard, de récolter les fruits de son ambiguïté en squattant la réunion de l'aile gauche du PS, lors de l'université d'été de La Rochelle. Comprenne qui voudra.

A Montebourg elle dit avaler des couleuvres de plus en plus épaisses

En avril dernier, elle ira néanmoins chercher un appui du côté des congédiés. Le Canard enchaîné assure qu'elle fait part à ses ex-collègues Filippetti et Montebourg de son désarroi de devoir « avaler des couleuvres de plus en plus épaisses », la loi sur le renseignement étant « aux antipodes de [ses] idées »Mais, quelques jours plus tard, nouveau retournement, alors que démarrent les débats à l'Assemblée : la ministre de la Justice se félicite du fait que « le gouvernement a eu le souci, constamment, dans l'écriture de ce texte, de s'assurer qu'il serait respectueux de ses propres obligations ».

Contradiction ? « Mon fonctionnement est tellement simple que je ne comprends pas qu'il faille l'expliquer. Je tiens pour juge suprême ma conscience et elle seule »écrit Taubira dans son autobiographie. L'assurance de n'avoir pas de contradicteur même si, à force d'avaler des couleuvres, cette femme de conviction doit ingurgiter des boas. Manifestement, les fibres de sa conscience se sont considérablement distendues.

D'autant que son action à la tête de la Justice rend interrogatif dans son propre camp. La droite est injuste (c'est d'ailleurs dans ce registre qu'elle donne le meilleur d'elle-même)... Car non, Taubira n'a pas mené une politique laxiste et d'ailleurs, en matière judiciaire, elle n'a pas eu de politique du tout. Preuve : après trois ans à la chancellerie, si le verbe est haut, le bilan est famélique.

Deux domaines illustrent cet échec. La réforme pénale, tout d'abord, qui devait être son grand chantier, s'est finalement réduite à un simple ravalement de façade. Un village Potemkine. Après s'être publiquement affrontée sur ce texte avec Valls, alors ministre de l'Intérieur, qui prône alors « une exigence accrue de prévisibilité et de fermeté » et plaide pour « l'exécution ferme des peines de prison, même les plus courtes », Taubira est allée de renoncement en renoncement. Dans un texte largement édulcoré par rapport à la mouture initiale n'est finalement restée que la « contrainte pénale», une nouvelle peine en milieu ouvert et non plus en prison, afin de prévenir la récidive tout en favorisant la réinsertion, maîtres mots du texte. Certes les peines planchers (pour les récidivistes et les auteurs de violences aggravées, instaurées par la droite en 2007 et 2011) sont supprimées conformément à la promesse de campagne de François Hollande, mais leur effet était globalement nul... Voilà donc pour l'essentiel d'un texte qu'on voulait « historique ».

RÉFORMES AVORTÉES

Quant à l'autre grande réforme, celle de la justice des mineurs, elle est aujourd'hui quasiment enterrée. Taubira avait pourtant fait de ce projet un de ses emblèmes, menaçant même déjà de démissionner s'il n'était pas examiné en 2016. On imaginait pourtant mal le voir inscrit à l'ordre du jour parlementaire en 2016...

Les années Taubira à la chancellerie ne laisseront pas non plus un souvenir impérissable aux magistrats. Après avoir torpillé la réforme du Conseil supérieur de la magistrature qui aurait pu ouvrir la voie à l'indépendance du parquet, la ministre a multiplié les circulaires visant à rogner les pouvoirs des procureurs. En janvier 2014, elle est accusée par le Canard enchaîné d'avoir voulu muter le procureur général de Paris pour des raisons politiques. François Falletti, 64 ans, nommé procureur général près la cour d'appel de Paris par la droite en janvier 2010, avait en effet été reçu quelques jours plus tôt par la direction du cabinet de la ministre, qui lui avait proposé un poste d'avocat général à la Cour de cassation, qu'il avait refusé. Bien entendu, la droite s'engouffra dans la brèche, Copé lui faisant la morale - un comble -, n'hésitant pas à dénoncer un « scandale d'Etat ». La Conférence nationale des procureurs organise, quant à elle, un mouvement de résistance totalement inhabituel pour un corps qui garde des pudeurs de violette a l'égard de sa hiérarchie.

La grogne a tôt fait de gagner les syndicats de magistrats. Après le temps des promesses et des amabilités est venu le temps de la déception devant les réformes avortées, l'absence de décisions et le manque de moyens. Et au fil du temps rien ne s'était amélioré. Il y a quelques jours, Céline Parisot, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats (USM), organisation majoritaire, expliquait ainsi : « La ministre, on la voit une ou deux fois par an. Les autres, on les voyait plus souvent. Pour le projet de loi de réforme de la procédure pénale, on a découvert le texte dans le Monde. On a demandé communication du texte, on l'a eu quarante-huit heures après. On ne nous avait pas exposé le détail de ce qui était projeté. Depuis 2012, on discute plus avec les services du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur qu'avec ceux du ministère de la Justice. On ne comprend pas, on n'a jamais eu une relation si distante avec un ministre. »

Et ce n'est pas du côté des avocats que Taubira a pu trouver du réconfort, en dépit de la présence de son ami proche, très proche - trop proche ? -, Jean-François Boutet, conseiller spécial et avocat aux conseils qui, accusé de « conflit d'intérêts », dû quitter ses fonctions en juin 2014. Un mois auparavant, les révélations sur les écoutes visant Nicolas Sarkozy et les perquisitions chez son avocat, Thierry Herzog, déclenchent l'ire des robes noires qui prétendent voir à travers Taubira un règlement de comptes politiques avec l'ancien chef de l'Etat. En réponse, avec un amateurisme invraisemblable, la ministre convoque micros et caméras pour jurer qu'elle ne savait rien, tout en brandissant un document de synthèse... de ces écoutes ! Document qu'elle était d'ailleurs légalement fondée à détenir. Cette histoire que la garde des Sceaux traîne encore comme un boulet résonne, au fond, comme l'illustration d'un ministère gâché. Car, s'il y a un aspect irréprochable dans son bilan, c'est bien son absence d'intervention dans les affaires judiciaires. Jérôme Cahuzac peut en témoigner. 

Le mariage pour tous sa grande œuvre

Certes, diront ses aficionados - et elle n'en manque pas -, mais demeure sa grande œuvre, celle qui fut jusqu'à la loi Macron la seule loi notable de ce quinquennat : le mariage pour tous. Pour la ministre de la Justice, cette histoire est sa bataille d'Austerlitz. De fait, depuis cet automne 2012 et ce printemps 2013, Taubira est auréolée d'une gloire indélébile. Alors que François Hollande se complaisait à brosser dans le sens du poil les élus opposés au mariage pour tous, en déclarant au congrès de l'Association des maires de France qu'ils auraient leur « liberté de conscience » et donc la possibilité de ne pas marier des couples de même sexe, elle a préféré monter au front symbolique. Dans toute cette histoire, Hollande, le tacticien petit bras, fut finalement le meilleur allié de Taubira, la pasionaria de l'Hémicycle. Le reste n'est que littérature... Certes, les références historiques et culturelles de la ministre furent également, pour elle, des armes redoutables face à une classe politique devenue inculte.

SYMBOLE OU SYMPTÔME ?

Mais, sur le dossier du mariage pour tous, Taubira a d'abord fait usage de Realpolitik. Contrairement à ce que sa fougue et le lyrisme de ses discours ont pu laisser penser aux médias et commentateurs, la ministre de la Justice ne s'est ainsi jamais réellement rangée derrière les revendications des associations LGBT, qui réclamaient, elles, en plus de l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, l'ouverture de la procréation médicale assistée pour les couples de femmes. Cette revendication portée par les militants homo de longue date avait reçu un bon écho du côté du PS et du candidat Hollande lors de la campagne électorale. Ce dernier s'y était ainsi déclaré favorable dans une interview pour le magazine gay Têtu.

Mais, dès l'été 2012, c'est la douche froide pour les acteurs associatifs, le gouvernement laisse entendre que la PMA ne fera pas partie du paquet cadeau. Et Taubira, durant les mois de débats qui ont suivi, a scrupuleusement veillé à respecter les arbitrages gouvernementaux et présidentiels, laissant d'ailleurs bien orpheline la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, qui se démènera finalement seule, pour faire valoir le point de vue des familles homoparentales. Adepte d'une communication ORTF, Taubira accorda ainsi sa première interview sur le mariage pour tous à... La Croix, grillant la politesse à sa collègue de la Famille, et dévoilant avant tout le monde les arbitrages a minima de la seule grande réforme de société du quinquennat.

Encore une fois, une démarche et une attitude plus proches des radicaux de la IVe République que de celles d'un Robert Badinter. Mais qu'importe ! En fine politicienne, Taubira a investi un rôle. Mais quel tournis ! Les indépendantistes, Tapie, Balladur, Sarkozy, Montebourg, Hollande : tant de vents qui lui ont permis de passer outre. Au fond, Taubira est moins un symbole qu'un symptôme : celui d'une gauche qui ne sait plus à quels saints se vouer et qui se cherche une croyance quand elle devrait être en quête d'un savoir faire plus que d'un faire savoir.

* Le Mystère Taubira, de Caroline Vigoureux, Plon, 220 p., 14,90 €. Voir Marianne no 943, p. 34.

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Pascal Picq n'est toujours pas professeur au Collège de France

Publié le 21 Février 2017 par Colonel Spontini

Pascal Picq n'est toujours pas professeur au Collège de France

Dans cet article du "Monde" du 2 février 2016, Pascal Picq se fait passer pour un professeur au Collège de France alors qu'il ne l'est pas. Il est simple maître de conférence dans l'établissement. Ce n'est pas la première fois (voir: http://colonelspontini.over-blog.com/2016/02/pascal-picq-n-est-pas-professeur-au-college-de-france.html) et le Colonel vous invite à méditer sur la fiabilité d'un menteur, ainsi que sur celle du média qui diffuse le mensonge.

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Le revenu universel est un mépris de classe !

Publié le 2 Février 2017 par Colonel Spontini

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La France périphérique: encore deux cartes pour la faire voir

Publié le 27 Janvier 2017 par Colonel Spontini

La France périphérique: encore deux cartes pour la faire voir
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Pierre Bourdieu : "La vérité sociologique a une telle violence qu'elle fait souffrir"

Publié le 26 Janvier 2017 par Colonel Spontini

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