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Colonel Spontini

Pourquoi le pouvoir dirait-il la vérité ?

La France paralysée par une panne de courant géante ? C'était le 19 décembre 1978

Publié le 3 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.
Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.

Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.

Il y a au moins un data center entre vous et le Colonel.

Métro arrêté, ascenseurs bloqués, embouteillages monstres... Retour sur le grand black-out énergétique qui a semé la pagaille pendant quatre heures en 1978.

«Métros et trains brutalement stoppés, ascenseurs bloqués, embouteillages monstres, incidents heureusement sans conséquences graves dans plusieurs hôpitaux et cliniques, appartements et établissements publics privés de chauffage et de lumière, la France a connu hier la plus importante panne d'électricité de son histoire.» Au lendemain du 19 décembre 1978, Le Figaro revient sur la «catastrophe d'ampleur nationale» qui, la veille, a bloqué le pays. Ce jour-là, à 8h27, alors que les Français se pressaient pour rejoindre leur travail, «la France s'est arrêtée de vivre». Une situation qui, assure le gestionnaire du réseau RTE, ne devrait pas se reproduire cet hiver.

La France en proie au chaos

Que s'est-il passé ? En ce petit matin froid et couvert, une surcharge électrique sur une ligne à haute tension a fait disjoncter la station de Bezaumont près de Nancy. Les autres lignes, à leur tour surchargées, sautent les unes après les autres «de sorte que le réseau de distribution, maillage, après maillage, s'effondre comme un château de cartes», explique à l'époque Le Figaro. L'électricité est coupée sur les trois quarts du pays. Seul le Nord-Est, alimenté par l'Allemagne et l'Italie, y échappe.Ailleurs c'est le chaos et notamment dans la capitale. «Entre 8 h30 et 12 heures, les pompiers parisiens ont procédé à plus de quatre cents interventions pour secourir les personnes emprisonnées dans les ascenseurs», relate Le Figaro. À la SNCF, un millier de motrices se trouvent immobilisées en rase campagne. Les passagers sont évacués le long des voies tout comme les usagers du métro parisien. À l’extérieur, les taxis sont pris d'assaut. En vain, car la circulation est totalement bloquée. Les feux de signalisation sont tous à l'arrêt mais le principal problème est le manque de ventilation dans les passages souterrains et les parcs de stationnement. Certains sont fermés en raison des risques d'intoxication provoqués par les gaz d'échappement.

Partout sur le territoire, des usines sont contraintes de cesser le travail. Dans les grands hôpitaux heureusement, les groupes électrogènes fonctionnent à plein. Aucun incident notoire n'est déclaré mais de plus petites structures moins bien équipées échappent de peu au drame. À Ussel en Corrèze, une intervention chirurgicale en cours doit être terminée à la lueur d'une lampe de poche tandis qu'ailleurs, on ventile à la main des malades privés d'assistance respiratoire.

À qui la faute ?

Mais si le pire a été évité — et tout le monde se souvient de la panne géante à New York l'année précédente qui avait donné lieu à des scènes de violence et de pillage —, on n'en cherche pas moins les responsables. À qui la faute ? Les syndicats tirent à boulets rouges sur le gouvernement. La CGT énergie pointe «l'insuffisance des moyens de production et de transports» tandis que la CFDT réclame une commission d'enquête. La fédération gaz-électricité du syndicat estime que la panne est la conséquence «de la politique énergétique actuelle qui, par le choix du tout nucléaire, a bloqué la construction de centrales classiques au charbon, au gaz et au fuel». La CGC accuse «les manifestations insensées» des écologistes qui ont retardé de plusieurs années le développement de centrales nucléaires. Les Amis de la Terre, eux, pointent la responsabilité d'EDF dans le passage au tout électrique notamment pour le chauffage. L'union des consommateurs UFC approuve et appelle à concentrer les efforts sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

Au Figaro, le directeur de la rédaction Max Clos porte l'attaque sur les nations modernes qui encouragent la surconsommation en toute chose. Peut-on accuser les citoyens, qui, «plutôt que de se vêtir de peau d'ours», ont branché «leurs radiateurs électriques et fait griller des tartines» et par ailleurs leur faire croire que «les limites du confort peuvent être indéfiniment reculées»? «Ne fallait-il pas, ne faut-il pas prendre des mesures effectives, c'est-à-dire empêcher? Mesures impopulaires, sans aucun doute. Mais la démagogie doit-elle être considérée comme une vertu politique?», s'interroge l'éditorialiste.La commission d'enquête désignée par le ministre de l'Industrie le jour même rend son rapport en avril 1979. Quatre erreurs sont identifiées: des travaux d'entretien malvenus, une météo mal anticipée, des délestages de clientèles qui auraient dû être faits et un excès de confiance dans l'efficacité du plan de sauvegarde automatique du réseau. Jamais plus l'Hexagone ne connaîtra une telle panne provoquée par une surconsommation et non par des événements extérieurs comme la tempête de 1999 ou l'incident européen de 2006.À l'hiver 1979, EDF met en place avec l'Agence pour les économies d'énergie une stratégie «jour de pointe» qui rappelle le système Ecowattproposé aujourd'hui. La veille, des conseils précis sont diffusés. «Qu'on sache bien que si chaque foyer éteignait au bon moment une ampoule de 60 watts, on ''passerait'' sans problème», souligne à l'époque un responsable.


Camille Lestienne

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