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Colonel Spontini

Pourquoi le pouvoir dirait-il la vérité ?

Les aventures de Placid et Muzo: DomoLink

Publié le 13 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Les aventures de Placid et Muzo: DomoLink

DOMOLINK

 

 

Placid & Muzo sont côte-à-côte avec leurs smartphones en main. Ils fixent chacun leur écran. On se croirait dans le métro.

 

 

Muzo: Tu fais quoi ?

Placid: J’ai oublié de fermer la porte de mon frigo.

Muzo: Peut-être que t’as pas oublié.

Placid: Oui mais j’ai oublié d’en être sûr.

Muzo: Tu le fais à distance ?

Placid: Oui, j’ai DomoLink.

Muzo: C’est bien Domolink.

Placid: C’est ce que je pensais.

Muzo: C’est plus bien ?

Placid: Non !

Muzo: Non ?

Placid: Non !

Muzo: Pourquoi Non ?

Placid: Mhm… il ne veut pas fermer la porte de mon frigo.

Muzo: Non ?

Placid: Je clique là… tu vois là ?

 

Placid montre son écran à Muzo.

 

Muzo: Oui, je vois.

Placid: Et la petite image là ?

Muzo: Oui, je la vois aussi.

Placid: Et tu vois quoi ?

 

Muzo se rapproche pour bien voir.

 

Muzo: Une porte ouverte.

Placid: Une porte de quoi ?

 

Muzo se rapproche de nouveau.

 

Muzo: Une porte de frigo.

Placid: C’est mon frigo.

Muzo: Y’a plein de trucs dedans.

Placid: Merci de me le dire, j’étais pas au courant !

Muzo: Te fâche pas, au moins c’est pas le congélateur.

 

Silence. Placid remet son écran sous le nez de Muzo.

 

Muzo: …mhm… c’est le congélateur.

 

Placid s’énerve sur son écran, il tape avec son index, en vain.

 

Muzo: Y’a quelqu’un chez toi ?

Placid: Ma fille.

Muzo: Pourquoi tu ne l’appelles pas ?

Placid: Elle refuse de me parler en ce moment.

 

Silence… Muzo se remet sur son écran qu’il tapote assiduement avec les doigts.

 

Placid: Que fais-tu ?

Muzo: Je surveille mon voisin.

Placid: Il est dangereux ?

Muzo: Il met des saletés dans mon jardin.

Placid: Comment fais-tu ?

Muzo: Ben, avec mon drone.

Placid: Tu le surveilles avec un drone ?

Muzo: Ben oui, je vais pas rester à la maison pour le surveiller.

Placid: Je comprends.

Muzo: J’ai DronoLink.

 

Silence… Placid regarde par dessus l’épaule de Muzo.

 

Placid: Dis-donc ?

Muzo: Oui ?

Placid: Tu pourrais aller chez moi avec ton drone ?

Muzo: Bien sûr, facile.

Placid: Allons-y.

Muzo: Chez toi ?

Placid: Oui.

Muzo: Ok, si tu veux.

 

Muzo s’active sur son téléphone puis:

 

Muzo: Voilà, regarde, c’est chez toi là.

 

Placid regarde l’écran de Muzo.

 

Placid: Oui, bien joué ! Tu peux aller devant la fenêtre là ?

 

Muzo, trop content de montrer ses prouesses.

 

Muzo: Sans problème, elle est ouverte.

Placid: C’est la chambre de ma fille, entre.

Muzo: Ok, j’entre.

Placid: Que vois-tu ?

Muzo: Ta fille sur son lit avec des écouteurs dans les oreilles.

 

Placid réfléchit.

 

Placid: Il parle ton drone ?

 

Muzo très sûr:

 

Muzo: Bien sûr qu’il parle ! Y’a qu’à parler là.

 

Placid s’approche.

 

Placid: Cléopatre !

 

Pas de réaction.

 

Muzo: Elle n’entend pas.

Placid: CLÉOPATRE !!!

Muzo: Je vais mettre la sirène, après tu parles très fort.

 

Muzo met la sirène puis:

 

Muzo: Vas-y.

Placid: CÉOPATRE, VAS FERMER LA PORTE DU FRIGO !!!

Muzo: Elle n’a pas entendu la sirène.

Placid: Merde !

Muzo: Re-merde !

Placid: Re-merde ?

Muzo: J’ai plus de batterie.

Placid: Ton portable ?

Muzo: Non, mon drone !

 

Soudain l’écran de Placid s’éteint.

 

Placid: Re-re-merde !!!

Muzo: Quoi ?

Placid: Je n’ai plus de batterie.

Muzo: Merde….

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N'oublie pas ta douleur 17

Publié le 11 Novembre 2022 par Colonel Spontini

N'oublie pas ta douleur 17

17

 

Retourne toi, c’est pareil

 

Un peu plus tard, Othon me confie avoir une certaine lassitude de la cuisine navajo. La cousine d’Ashkook qui en a la responsabilité, prépare des mets succulents mais pas plus variés que les cinq doigts d’une main. Il se trouve, qu’étant malade, celle-ci a laissé un plat de viande à réchauffer avec des haricots mélés à des morceaux de cactus hoaba.

Quelle viande ?

— À vrai dire, on n’a jamais su quel en est l’animal, une sorte de rongeur qui courre dans le désert.

— Et les cactus hoaba ?

— Les seuls cactus comestibles, ils ont un goût de veau.

— Je peux vous faire une blanquette.

— Vraiment ?

— J’aime faire la cuisine.

— Avec plaisir.

Je vais donc dans la cuisine qui s’avère bien équipée, aucun ustensile ne manque. Je trouve de la farine de maïs et un lait d’origine incertaine. Il fleure bon, même au feu. Les patates douces remplacent les pommes de terre et le cactus la viande de veau.

Le résultat ne manque pas d’intérêt, bien que sa ressemblance avec une blanquette classique reste à démontrer. Marg et Othon semblent apprécier sans, pour autant que cela les rende euphoriques. Les habitudes alimentaires sont difficiles à bousculer. Mais il me semble qu’envisager l’importation, en France, de cactus hoaba, serait pertinent.

Nous sommes sur le toit de l’étrange demeure. Le sommet du dôme qui la constitue s’est effacé par l’effet d’un bouton d’une télécommande découvrant une terrasse. « On ne pouvait pas la construire au niveau du sol à cause des serpents », m’apprend Marg. Le vin est américain, un rouge velouté et tanique sur l’étiquette duquel est écrit « Archery Summit » et « Oregon ».  De temps en temps, des cris ou des hurlement nous parviennent du désert. Mes hôtes ont appris à les reconnaître: coyotes, road-runner le bip-bip du dessin animé, l’armadillo ou tatou et le serpent à sonnette qui, curieusement, peut se faire entendre de très loin si le vent est favorable et… s’il y en a. Ce soir, il n’y en a pas et nos paroles semblent résonner alors que les parois qui pourraient être la cause de cette couleur sonore sont loin.

Je discerne une certaine mélancolie dans les regards de Marg et Othon. Ils me questionnent sur ma famille et bien sûr, j’évoque ma femme et mes enfants, en terminant sur la question obligatoire:

— Et vous ?

— Nous avons deux fils qui réussissent très bien. L’un est en Californie où il fait de la physique quantique. D’une œillade Othon s’enquiert de mon attention… l’intrication quantique, et Marg enchaîne:

— L’autre, Andrew, conduit des engins sur des chantiers.

— Des engins ?

— Oui, des pelleteuse, des grues, des bulldozers… il est mieux payé que William.

— Vous devez être fiers d’eux.

— En effet, répond Othon, malgrès nos métiers, nous avons réssis à nous en occuper correctement.

— C’est prioritaire.

— En effet… le reste….

— Au fond… le reste

Les deux époux paraissent partager les mêmes convctions sur ce qui compte vraiment, dans la vie.

Cependant ils ont prononcé, « le reste » avec une intonation désabusée.

J’ai tellement de questions à leur poser que je me sens impuissant, je ne peux pas le faire parce que je ne suis pas en position. Je suis arrivé comme un imposteur et malgré cela leur accueil a été bienveillant. Comment me permettre de leur tirer les vers du nez avec des questions que plusieurs centaines de milliers d’individus brûlent de leur poser, les rendant ainsi et pour ainsi dire, assiégés virtuellement et mentalement ? Je n’ai donc pas d’autre choix que d’espérer quelques lumières spontanées.

Ils ont l’air triste à bien les regarder.

Le vent du désert vient de se lever et l’ombre du soir s’installe peu à peu.

Soudain, on entend… on entend quoi ? Difficile de dire. J’interroge mes hôtes du regard.

Léger sourire d’Othon:

— Le désert est plein de surprises.

Marg ferme les yeux.

C’est… comment dire… oui, c’est un chant… une voix de femmme… qui chante, oui qui chante.

Curieux comme chant.

— Çe n’est pas une navajo, dit Othon.

Pourtant, un chant aussi… bizarre… comment peut-il ne pas être navajo ? Pensè-je en quête de repère.

— Ne cherchez pas.

— Hmmm… vous savez vous ?

— Non.

Et Marg fredonne, lèvres closes, à l’unisson de la voix du désert.

Je frissonne.

Pourtant il fait toujour bon. Je frissonne parcequ’Othon se met aussi à chanter du fond de sa gorge. Très doucement. Maintenant c’est un choeur à quatre qui me caresse les oreilles: les deux époux, le vent et la voix. Il y a un mouvement, en bas de la terrasse. Une silhouette est venue devant la porte et contemple le désert. Ashook !

Puis, la nuit étant venue nous enrober, un éclairage tamisé, issu de l’épaisseur du parapet prend le relai et nous nous retrouvons dans un éther lumineux, comme un complément à l’étrange concert dont nous sommes les auditeurs.

Puis la voix se tait subitement et, coïncidence troublante, le vent aussi.

J’entends le Navajo rentrer.

Othon se racle la gorge alors que sa femme ouvre les yeux en baillant.

— Bon, et bien je vais aller me coucher, dit-elle comme si notre étrange expérience n’était, au fond, que parfaitement normale.

— Bonsoir ma chérie.

Cela a duré deux heures ! Alors qu’il me reste une impression de cinq minutes !

— Ça arrive souvent ?

— Non, cela faisait un mois que ça n’était pas arrivé. Peut-être avait-elle envie de se faire entendre de vous ?

— Vous ne cherchez pas d’explication ?

Je le vois se passer les mains dans les cheveux.

— J’ai passé ma vie à chercher des explications.

— N’est-ce pas notre lot à tous ?

— Si, bien sûr, malheureusement, il y en a qui ont trouvé.

— Vous semblez le regretter.

— Pas vous ?

— Hmm, oui bien sûr c’est impossible.

— Oui, presque, vous avez fait des maths ?

— Oui, un peu.

— Vous vous souvenez des points d’accumulation dans un espace topologique ?

— Oui, mais je n’en ai jamais eu l’usage dans les années qui ont suivi.

Il me regarde pour vérifier que je badine.

— On se rapproche de plus en plus d’un point d’accumulation.

— Oui je me souviens.

— On s’en rapproche infiniment.

— Oui c’est une limite.

— Voilà, c’est une limite, et des limites, il y en a beaucoup qu’on n’atteint jamais.

— On s’en approche mais on n’y arrive jamais.

— Vous voyez la métaphore ?

— Je crois que vous voulez comparer la vérité à un point d’accumulation.

— Tout juste Léonard.

Nous restons ainsi dans le noir à méditer.

— Mais, il peut y avoir des cas où on y arrive.

— Oui, en mathématiques.

— Ah oui, je vois.

— C’est pour ça que j’ai arrêté la philo pour m’interresser aux maths.

— Vous voulez dire qu’avec les maths, on trouve la vérité ?

Des vérités, Léonard mais des vérités incontestables.

— Oui, mais elles ne sont valables que dans le champ mathématique.

— Heureusement.

— Heureusement ?

— Oui, mais il n’y a que là que l’on peut se frotter à une vérité.

— Vous l’avez fait ?

— Oui et je n’ai plus besoin de la faire.

— Mais…

— Je vais vous dire…

— Vous connaissez ma questions ?

— Ce n’est pas difficile, tout le monde veut me la poser.

— Et, à moi, vous voulez bien répondre ?

— Bien sûr.

— Pourquoi ?

— Vous comprendrez demain.

Et il se tait pour écouter le silence du désert. À cette heure, le désert produit un silence sans fond.

Cela dure alors qu’Othon ne semble pas vouloir reprendre la parole.

Et il se lève ! Pour aller se coucher !

— Mais…

— Bonne nuit Léonard

— Et la réponse ?

— Ah oui, la réponse, c’est à propos de la conjecture de Riemann n’est-ce pas ?

— Ben oui, vous l’avez démontrée ?

— Oui

— Elles donc juste ?

— Non.

— Elle est fausse ?

— Oui.

— La conjecture de Riemann est fausse ?

— Que cela ne vous empêche pas de dormir mon ami.

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Rééducation nationale

Publié le 6 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Rééducation nationale
Rééducation nationale Rééducation nationale Rééducation nationale

 Les livres drôles sont plus rares que les bons livres qui sont, eux-même, fort rares, donc si on en tient un, ne surtout pas le lâcher ! Celui de Patrice Jean, de surcroit, s’attaque à la sottise de l’Éducation Nationale et à ses troupes, un gros morceau qui déchaîne les passions et vide l’enseignement public de ses meilleurs éléments. La majorité des collègues de Bruno Giboire sont des fidèles de Philippe Meirieu, le Grand Pédagogue et de la pensée Merluche, ou de ce qui tient lieu. La satire fonctionne bien comme dans le dialogue entre l’inspecteur (d’académie) Mortier et le héros (ci dessus), tous deux convaincus que la pédagogie est une science exacte, ou entre Colette Pelletier et un nouveau venu: « Colette conseilla à Yann de construire un cours en interdisciplinarité avec la SVT, de façon à dégager une essence plurielle de l’homme, compatible avec le respect de la vie des animaux. Néamoins, elle le rassura: si le cours s’était éloigné de son objectif premier (la tragédie de Racine), ce n’était pas grave, il fallait parfois se perdre et compter avec la spontanéité des élèves. Au fond, derrière cette défense des animaux, les élèves avaient protesté contre toutes les discriminations faites au vivant, protestation bien plus importante qu’un savoir inutile sur la tragédie classique. Elle ne lui adressa qu’un reproche: le choix du cours dialogué: « N’oublie pas ce que la position du sachant par rapport à l’apprenant charrie d’autoritarisme… Tu as autant à apprendre des élèves qu’eux ont à apprendre de toi ! » ». Colette Pelletier et Claude Pousseur, les plus orthodoxes des collègues de Bruno, celle-ci expliquant à un néophyte les bases du métier. Il y a un prédécesseur dans le genre: Tom Sharpe, qui de retour d’Afrique du Sud , se retrouva prof d’histoire dans un collège d’enseignement professionel. C’est ainsi qu’il trouva l’inspiration des quatres tomes de la série « Wilt » où, au début, Wilt est pion dans un établissement de ce genre. Mais le Royaume Uni, avait été épargné par le pédagogisme et la satire de Sharpe fonctionnait sur l’absurde dû au désintérêt total des élèves pour les études.

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La France paralysée par une panne de courant géante ? C'était le 19 décembre 1978

Publié le 3 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.
Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.

Aujourd'hui, pensons donc à la panne d'un data center comme celui ci-dessus.Ou même de plusieurs data centers. Ou même de tous les data centers dans le monde.

Il y a au moins un data center entre vous et le Colonel.

Métro arrêté, ascenseurs bloqués, embouteillages monstres... Retour sur le grand black-out énergétique qui a semé la pagaille pendant quatre heures en 1978.

«Métros et trains brutalement stoppés, ascenseurs bloqués, embouteillages monstres, incidents heureusement sans conséquences graves dans plusieurs hôpitaux et cliniques, appartements et établissements publics privés de chauffage et de lumière, la France a connu hier la plus importante panne d'électricité de son histoire.» Au lendemain du 19 décembre 1978, Le Figaro revient sur la «catastrophe d'ampleur nationale» qui, la veille, a bloqué le pays. Ce jour-là, à 8h27, alors que les Français se pressaient pour rejoindre leur travail, «la France s'est arrêtée de vivre». Une situation qui, assure le gestionnaire du réseau RTE, ne devrait pas se reproduire cet hiver.

La France en proie au chaos

Que s'est-il passé ? En ce petit matin froid et couvert, une surcharge électrique sur une ligne à haute tension a fait disjoncter la station de Bezaumont près de Nancy. Les autres lignes, à leur tour surchargées, sautent les unes après les autres «de sorte que le réseau de distribution, maillage, après maillage, s'effondre comme un château de cartes», explique à l'époque Le Figaro. L'électricité est coupée sur les trois quarts du pays. Seul le Nord-Est, alimenté par l'Allemagne et l'Italie, y échappe.Ailleurs c'est le chaos et notamment dans la capitale. «Entre 8 h30 et 12 heures, les pompiers parisiens ont procédé à plus de quatre cents interventions pour secourir les personnes emprisonnées dans les ascenseurs», relate Le Figaro. À la SNCF, un millier de motrices se trouvent immobilisées en rase campagne. Les passagers sont évacués le long des voies tout comme les usagers du métro parisien. À l’extérieur, les taxis sont pris d'assaut. En vain, car la circulation est totalement bloquée. Les feux de signalisation sont tous à l'arrêt mais le principal problème est le manque de ventilation dans les passages souterrains et les parcs de stationnement. Certains sont fermés en raison des risques d'intoxication provoqués par les gaz d'échappement.

Partout sur le territoire, des usines sont contraintes de cesser le travail. Dans les grands hôpitaux heureusement, les groupes électrogènes fonctionnent à plein. Aucun incident notoire n'est déclaré mais de plus petites structures moins bien équipées échappent de peu au drame. À Ussel en Corrèze, une intervention chirurgicale en cours doit être terminée à la lueur d'une lampe de poche tandis qu'ailleurs, on ventile à la main des malades privés d'assistance respiratoire.

À qui la faute ?

Mais si le pire a été évité — et tout le monde se souvient de la panne géante à New York l'année précédente qui avait donné lieu à des scènes de violence et de pillage —, on n'en cherche pas moins les responsables. À qui la faute ? Les syndicats tirent à boulets rouges sur le gouvernement. La CGT énergie pointe «l'insuffisance des moyens de production et de transports» tandis que la CFDT réclame une commission d'enquête. La fédération gaz-électricité du syndicat estime que la panne est la conséquence «de la politique énergétique actuelle qui, par le choix du tout nucléaire, a bloqué la construction de centrales classiques au charbon, au gaz et au fuel». La CGC accuse «les manifestations insensées» des écologistes qui ont retardé de plusieurs années le développement de centrales nucléaires. Les Amis de la Terre, eux, pointent la responsabilité d'EDF dans le passage au tout électrique notamment pour le chauffage. L'union des consommateurs UFC approuve et appelle à concentrer les efforts sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

Au Figaro, le directeur de la rédaction Max Clos porte l'attaque sur les nations modernes qui encouragent la surconsommation en toute chose. Peut-on accuser les citoyens, qui, «plutôt que de se vêtir de peau d'ours», ont branché «leurs radiateurs électriques et fait griller des tartines» et par ailleurs leur faire croire que «les limites du confort peuvent être indéfiniment reculées»? «Ne fallait-il pas, ne faut-il pas prendre des mesures effectives, c'est-à-dire empêcher? Mesures impopulaires, sans aucun doute. Mais la démagogie doit-elle être considérée comme une vertu politique?», s'interroge l'éditorialiste.La commission d'enquête désignée par le ministre de l'Industrie le jour même rend son rapport en avril 1979. Quatre erreurs sont identifiées: des travaux d'entretien malvenus, une météo mal anticipée, des délestages de clientèles qui auraient dû être faits et un excès de confiance dans l'efficacité du plan de sauvegarde automatique du réseau. Jamais plus l'Hexagone ne connaîtra une telle panne provoquée par une surconsommation et non par des événements extérieurs comme la tempête de 1999 ou l'incident européen de 2006.À l'hiver 1979, EDF met en place avec l'Agence pour les économies d'énergie une stratégie «jour de pointe» qui rappelle le système Ecowattproposé aujourd'hui. La veille, des conseils précis sont diffusés. «Qu'on sache bien que si chaque foyer éteignait au bon moment une ampoule de 60 watts, on ''passerait'' sans problème», souligne à l'époque un responsable.


Camille Lestienne

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Le mystère de Saint Dominique enfin révélé !

Publié le 3 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Le mystère de Saint Dominique enfin révélé !
Le mystère de Saint Dominique enfin révélé !

Saint Dominique, patron de l'église homonyme de la rue de la Tombe Issoire dans le 14ème arrondissement de Paris, ressemble à Louis Jouvet parce que c'était lui le modèle. Le sculpteur, André Bourroux a exécuté ce haut relief juste après la guerre. Deux hommes au sommet de leur art.

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N'oublie pas ta douleur 16

Publié le 2 Novembre 2022 par Colonel Spontini

N'oublie pas ta douleur 16

Bon sang ! Éructe le colonel, où ai-je bien pu fourrer la réponse à l'énigme de Saint Dominique ?

16

 

Je suis contre les extrêmes: la naissance et la mort.

On s’emmerde suffisamment entre les deux. (Guillielmo Plato)

 

Labarbe démarra la Jeep sans aucune difficulté, il enclencha la première et fit avancer le véhicule de quelques mètres faisant ainsi apparaître l’entrée d’un couloir s’enfonçant dans le sol. Il faudrait plutôt parler d’un puit étant donné qu’il allait presque à la verticale. Il y avait comme des marches, au grès des affleurements rocheux, de même que des appuis pour les mains. Ils emportèrent deux lampes à mèches en vérifiant que les réserves d’huile lampante étaient pleines, plus quelques accessoires qui pouvaient de révéler utiles et ils tendirent l’oreille:

Pas le moindre bruit.

— On y va mon colonel ?

Deux heures d’autonomie. Une par lampe.

La progression vers le bas s’avéra laborieuse à cause de la pente et du sol, mélange de parties dures et de parties friables. Ces dernières rendaient les dérapages fréquents. Labarbes en avant avec la lampe dans une main et Morlet derrière qui tentait en permanence d’assurer leur stabilité et d’anticiper toute chute de son compagnon. C’est pour cela que le temps passa plus vite qu’ils n’auraient voulu, comme ils le constatèrent en arrivant sur une corniche presque horizontale de laquelle ils découvrirent un ruisseau dont le flot faisait entendre un tout petit bruissement qui leur fit du bien. Par contre la première lampe arrivait à la fin de sa réserve. Cela faisait une heure qu’ils s’enfonçaient dans la terre. L’air se faisait plus rare mais la température, plus fraîche et plus clémente.

Après la corniche, la pente reprenait vers les profondeurs mais, maintenant, ils étaient accompagnés du ruisseau. Y tremper la main et se couvrir le visage de l’eau fraîche leur redonnait du courage et le soulagement de savoir qu’il leur était désormais impossible de mourir de soif. Ils devaient s’arrêter de plus en plus souvent pour respirer le peu d’air qui stagnait là. Aucun des sons qu’ils avaient entendus là-haut ne s’était fait entendre de nouveau. Ils baignaient dans un silence total, à peine, entamé par la petite chanson du ruisseau. Morlet passa devant et leur descente continuait. Ils continuaient parce qu’il étaient convaincu d’arriver quelque part. Ce boyau avait été creusé par des humains, cela ne faisait aucun doute, on ne pouvait pas le prendre pour une œuvre de la nature. Il paraissait d’ailleurs avoir été façonné depuis peu de temps, étant donné son état correct de conservation. Pas de rampes rajoutées, ni de marches maçonnées, mais les parois témoignaient en faveur d’un artefact de facture récente.

Pour quoi faire ?

On était en plein milieu d’un des déserts les plus hostiles au monde et quelqu’un avait trouvé le moyen d’y nicher la cachette la plus inaccessible qui puisse se concevoir.

Ils descendirent encore puis, le sol revint à l’horizontale et le plafond remonta de telle sorte qu’il, purent marcher facilement. Ils faisait frais. La lumière n’aclairait pas loin, mais ils sentaient que l’espace s’élargissait. L’air était plus abondant et le bruit de leurs pas résonnait de plus en plus loin.

Soudain Morlet sentit son pied droit s’enfoncer dans l’eau.

— René !

— Je vous éclaire mon colonel !

Une surface liquide s’étendait devant eux. La lumière de la lampe n’arrivait pas aux confins de l’étendue d’eau.

— Nom de nom de nom de Dieu ! Cria Labarbe pour évaluer l’espace. C’est l’écho d’une cathédrale qui leur répondit.

Morlet ramassa un caillou et le lança le plus loin possible devant lui. C’est dans l’eau sombre qu’il retomba comme les renseigna le bruit aqueux de l’impact. René ne put s’empêcher d’encore frapper dans ses mains pour tâter l’espace et son applaudissement s’échappa dans les tréfonds d’une grotte dont ils ne pouvaient pas dire les dimensions.

— Une barque !

René s’était mis en mouvement et il venait de tomber sur une barque posée sur la rive, avec deux rames délaissées de part et d’autre.

— On la prend mon colonel ?

— On n’a plus beaucoup de temps René.

— On ne va pas abandonner maintenant mon colonel !

Bien sûr qu’ils ne pouvaient lâcher l’affaire au point où ils en étaient. Morlet en était bien conscient. Quitte à remonter dans le noir….

Ils ramèrent droit devant, éclairé par le halo de la lampe qui fonctionnait encore. Les rames remuaient une eau tellement pure que la faible clarté suffisait pour voir le fond.

— Là regarde !

Morlet avait aperçu une créature de quelques centimètres, toute blanche, qui s’enfuit plus loin dans l’ombre protectrice. Et soudain l’autre rive se matérialisa devant eux:

Un promontoire en ciment et une échelle métallique.

Ils manœuvrèrent pour s’y arrimer. Elle n’était pas rouillée.

— Vas-y René, je te suis.

Au moment où René arriva en haut de l’échelle, avec Morlet qui le suivait, la lampe s’éteignit.

— Merde ! On est dans le noir mon Colonel !

— Attends René, je te rejoins.

Ils étaient loin de s’affoler, en avaient vu d’autres, bien qu’ils fussent dans le noir.

Arrivé sur le terre-plein:

— On a un plan B René ?

— J’ai mon Zippo.

Une petite flamme vint trouer le noir, ce qui leur permit d’apercevoir une porte métallique vers laquelle ils s’avancèrent puis l’ouvrirent après avoir écouté s’il  y avait du bruit derrière. Une pièce de bonnes dimensions se révéla et au moment où Labarbe constatait la présence d’un gros ventilateur dans le plafond, la flamme du briquet s’éteignit. Le noir et le silence revinrent les envelopper. Le ventilateur ne fonctionnait pas et l’air se faisait rare.

À tâton, ils trouvèrent une table avec des chaises autour. Rien sur la table. Ils tournèrent jusqu’aux murs où étagères et placards se révélèrent vides et sans odeur. Une porte au fond, elle aussi métallique cachait une seconde pièce. Après l’avoir ouverte au moyen d’un volant qui tourna facilement, ils pénétrèrent dans un espace dont les dimensions ne pouvaient s’évaluer d’un coup, mais des claquements des doigts leur indiquèrent quand-même qu’elle était plus petite. Et, progressant prudemment, ils découvrirent des lits superposés.

Soudain ils entendirent des bruits lointains.

Ils regagnèrent la grande pièce en tendant l’oreille.

Cela venait d’en haut.

Du conduit derrière le ventilateur arrêté.

— Mon Colonel, on est en train de se faire berner comme des nouveaux-nés !

— Bougre de crétin que je suis, tu as raison !

C’est juste à ce moment-là qu’un bruit continu vint se faire entendre.

Un ronflement régulier.

Un son infiniment familier.

Le moteur de leur avion !

— Les salauds, ils nous piquent notre avion !

Comment en douter ? Et le son des moteurs du Blenheim se modifia, indiquant que leur appareil faisait demi-tour. Puis les peins gaz envahirent tout l’espace. Ils restèrent immobiles à écouter. Remonter maintenant prendrait beaucoup trop de temps. Le bruit du décollage ne fut pas interrompu par un accident, qu’ils espéraient secrètement. Il ne fut bientôt plus audible le celui de leurs respirations revint se faire entendre.

— Patron ?

— Oui, tu as raison.

— Mais je n’ai encore rien dit à part « Patron » !

—Je sais ce que tu vas dire.

— On les retrouvera.

— Bien sûr qu’on les retrouvera.

— Et on leur fera regretter.

— Ils le regretteront jusqu’à la fin de leur jour et la fin de leurs jours…

— Ce sera le même jour.

 

La remontée ne fut pas une partie de plaisir, loin de là.

Ce n’est que grâce à leur vigoureuse jeunesse qu’ils échappèrent au mauvais faux pas occasionné par leur découragement. Ils remplirent leurs gourdes dans le ruisseau et plongèrent leurs têtes dans l’eau fraîche. Une lueur pleine de chaleur vint finalement signaler la fin de l’épreuve. En pleine après-midi, il faisait plus de soixante degrés.

Mais la Jeep était là.

Ils virent tout de suite que les jerrycans étaient là aussi et pleins. D’essence et d’eau. Tellement chaude, cette dernière, qu’ils auraient pu y faire du thé. Quant à l’essence, ils protégèrent leurs récipient d’une bâche après avoir fait le plein.

Et ils attendirent que le soleil décline, pendant deux heures.

Ensuite, ils se mettraient en  route.

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Vous avez trouvé ?

Publié le 1 Novembre 2022 par Colonel Spontini

Vous avez trouvé ?

En fait, c'est en 1946 que cette statue a été placée dans le tympan de l'église. La question est de savoir qui a servi de modèle ? Sachez aussi que ce lieu saint est surmonté d'une croix métallique au sommet de son dôme, celle-ci servant aussi de paratonnerre.

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Le mystérieux Saint Dominique

Publié le 30 Octobre 2022 par Colonel Spontini

Le mystérieux Saint Dominique

Il y a une église dans Paris dont l'entrée principale est surmontée du Saint Dominique de la photo ci-dessus. Pour sculpter ce haut-relief, l'artiste ne pouvait pas prendre Saint Dominique lui-même comme modèle pour une raison simple, il était mort depuis longtemps et aucun portrait acceptable n'avait emporté la conviction des personnes concernées, l'évêque commanditaire, ses collaborateurs, le curé affecté à l'église et le sculpteur lui-même. Celui-ci demanda donc à quelqu'un d'autre de poser pour lui. Cela se passait dans les années 20. Regardez bien. Il ne vous rappelle personne ?

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Il faut bien reconnaître que, dans l’histoire de France, les défaites militaires sont plus nombreuses que les victoires (N'oublie pas ta douleur - 15)

Publié le 28 Octobre 2022 par Colonel Spontini

Il faut bien reconnaître que, dans l’histoire de France, les défaites militaires sont plus nombreuses que les victoires (N'oublie pas ta douleur - 15)

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Il faut bien reconnaître que, dans l’histoire de France, les défaites militaires sont plus nombreuses que les victoires

 

Je suis dans le pickup d’Askook, assis à sa droite, en train de regarder défiler le paysage composé de sable durci de couleur ocre, la même couleurs que les reliefs qui nous entourent. Inutile de chercher du vert, il n’y en a pas, aucune végétation à part quelques minuscules excroissances grisâtres que je prends pour des cactus. Je ne demande pas à mon chauffeur, il ne m’a pas adressé la parole une seule fois. À son arrivée, tout-à-l’heure, il a esquissé un hochement de la tête mais peut-être ai-je mal vu, avec mes lunettes de soleil. Helen, elle m’a salué avec des mots encourageants et puis, maintenant, je suis là sur la banquette avant du pickup beige et brun d’Askook. Nous soulevons de la poussière sans doute visible de très loin, mais si l’arrière en est brouillé, la vue à l’avant est d’une précision tout en netteté. Basses pressions sans doute, plus un soleil à l’ombre duquel aucun détail ne peut échapper.

En 1872, Jean Evangélie Bruneloo se trouvait à Tripoli pour le compte de la Société de Géographie Humaine, en train de préparer une expédition exploratoire vers le sud. Il comptait sur une caravane prévue pour un départ prochain. Son journal est plein de découvertes surprenantes et d’émerveillements innombrables, mais ses lettres à sa femme révèlent un aspect moins enthousiasmant de ses aventures, il emploie des expressions comme « ennui sidéral » ou « désespoir définitif » et encore « serai-je la prochaine victime de la fièvre ou des brigands ? ». Heureusement que personne ne lui avait dit qu’on avait perdu la guerre contre les prussiens. De retour au pays, trois ans plus tard, il découvrit, non sans stupeur, qu’il était devenu citoyen de la III ème république. Devant une salle comble, il fit une conférence et, inspiré par sa chance ?, il déploya des trésors rhétoriques pour enluminer ses descriptions du désert, stimulant ainsi, un désir intense, chez ses auditeurs, d’aller sur place pour jouir d’un si beau décor.

Je regarde le décors et je me demande comment faire pour rendre excitant un spectacle aussi monotone.

Au fur et à mesure que le temps passe, je dois me résigner à constater qu’aucune maison, aucun bâtiment n’apparaît nulle part ni aucun autre signe annonciateur de notre destination. Comme mon compagnon de route est muet et le restera même si je le questionne, je ne peux pas estimer le moins du monde quand nous arriverons, ni même si nous allons arriver, d’ailleurs de quoi serait capable Askook si je l’interrogeais ?  Allez savoir ?

Tout cela me donne l’impression d’exister moins qu’avant, je me dis qu’en m’enfonçant ainsi dans le désert, dans le no man’s land, j’existe de moins en moins.

L’heure suivante est aussi intéressante que celle qui vient de passer puisqu’elles se ressemblent à quelqu’infimes détails près. Par exemple, les reliefs sur les côtés sont plus loin qu’avant. Intéressant non ? Le soleil a entamé sa descente vers l’horizon et le chemin poussiéreux sur lequel nous progressons s’est mis à grimper insensiblement. Il sinue sur d’amples lacets qui semblent avoir été tracés pour rompre la monotonie des cent kilomètres de ligne droite que nous venons de parcourir. Et puis soudain, dans l’une de ces courbes, identique aux autre, Askook arrête le pick-up. Il ouvre sa portière et descend. Il me regarde sans expression aucune, mais j’interprète cela comme une proposition de faire pareil. J’ouvre donc de mon côté et en viens à mettre les pieds dans la poussière alors que lui, est déjà en train de sortir ma valise de la benne arrière. Ensuite, il va tellement vite pour remonter derrière le volant et repartir que je reste à regarder comme un crétin. Au bout de quelques minutes, le son du moteur s’est estompé jusqu’à laisser place à un silence qui me glacerait s’il faisait moins chaud. Et je reste là à me demander à combien d’heures je peux estimer mon espérance de vie. Pourquoi m’a-t-il abandonné là ? Il n’y a rien de plus qu’avant et probablement qu’après aussi. De quoi vais-je trépasser ? Soleil ? Serpent ? Hyène ? Chacal ? Mes restes seront-ils dévorés par les vautours comme ceux du fugitif de l’autre jour ?

Alors que je suis en train de chercher un moyen d’écourter mon agonie, j’entends:

— Billy ?

Hein ! Billy ? Oui, au fait, c’est moi ! Qui m’a appelé ?

— Billy ?

Je scanne les alentours et c’est en haut d’une élévation de terrain que j’aperçois un bras dans une manche blanche avec une main au bout qui s’agite.

— Oui, c’est moi !

— Je m’en doute que c’est vous, à part vous, je n’aperçois personne d’autre.

Bêtement je vérifie les dires du type, car c’est un homme, pour constater, qu’en effet, il n’y a personne d’autre.

— Venez !

Comment « venez » ?

— Mais, il n’y a pas de chemin !

— Montez.

Je monte vers lui en faisant cahoter ma valise dans les cailloux. Faute de chemin, je navigue entre des touffes verdâtres et piquantes entourées de pierres tout aussi piquantes quoique de couleur brune et ocre. Il faut chercher le sol nu pour ne pas risquer de tomber. Trois cent mètres ainsi m’amènent devant un type plus grand qu’il n’en avait l’air de loin. Maigre, le cheveu dru et gris, le visage creusé, adouci par des yeux gris pleins d’intelligence. Il sourit et me souhaite la bienvenue.

— Klugerman je présume ?

— Bienvenu Billy, suivez-moi.

Comme je ne vois aucune maison, je suppose qu’il habite dans une grotte.

Mais nous ne nous dirigeons pas vers quelque concrétion rocheuse propice à l’existence d’une grotte. Nous progressons vers une légère proéminence ressemblant à une cloche fortement évasée, une cloche posée sur le sol après avoir reçu un grand coup de marteau géant.

Arrivés à cinquante mètres, il se retourne:

— Voici mon home sweet home.

Mon air ahuri le fait rire.

— Ah oui bien sûr.

Il tire un boîtier de sa poche et appuie sur un bouton. Une télécommande. Et je vois un mouvement lent dans le terrain. Une fine bande noire apparaît. Au milieu quelque chose de rond. Une sorte de sas. Nous approchons et c’est bien un sas qui se trouve là. De part et d’autre, la bande noire s’avère être une espèce de baie vitrée avec, me semble-t-il, des vitres fumées. Un autre bouton déclenche l’ouverture du sas et nous voilà dans une antichambre au formes arrondies, aux dimension particulièrement bien proportionnées et à l’atmosphère avenante.Une atmosphère que l’on ne trouve que dans les maisons saines, et les maisons saines sont rares. Cela fait surgir un souvenir enfoui depuis longtemps, celui de la visite d’une église romane en Beauce. Le sol était de sable et les dimensions importantes mais la sensation était la même.

— C’est mon frère qui a conçu cette demeure. Original n’est-ce pas ?

— C’est heu… c’est bien caché, dis-je bêtement.

— Invisible sur Google Earth et depuis n’importe quel autre satellite d’observation. Ça coûte cher la tranquillité.

— Vous avez fini de payer ?

— Ah ah ah ! C’est important, en effet, de posséder son toit quand on est en retraite. Oui, tout cela est bien à moi.

— Tant mieux pour vous.

Curieusement, mon intuition m’autorise cette familiarité somme toute incongrue. D’autant que mon hôte n’en est aucunement embarrassé.

— Asseyez-vous Billy, j’arrive.

Au fond de la pièce, une silhouette, auparavant immobile se met à chuchotter dans l’oreille de de Kluguerman. C’est Askook qui lui confie une information d’importance à en croire l’expression concentrée de son auditeur. Puis le Navajo disparaît par téléportation ou, du moins, d’une façon analogue. Klug disparaît aussi mais c’est pour aller à la cuisine d’où des bruits ménagers se font entendre. Il revient avec des bières et des verres. Il s’assied en face de moi avec un sourire:

— Bien Billy, maintenant vous allez me dire comment vous vous appellez.

— Heu… Léonard

Ce serait puéril de faire le Billy me dis-je, il en faut plus pour tromper un type comme Klug.

— Ne vous inquiètez pas Léonard, ce n’est pas parce que j’attendais un Billy américain que je ne vais pas garder un Léonard français, vous ferez aussi bien l’affaire.

— Pour quoi faire ?

— Vous verrez demain.

— Demain ?

— Oui demain matin.

— Et après ?

Klug se met à rire mais sans ironie.

— Vous ne risquez rien Léonard, vous repartirez vivant d’ici.

— Mais …

— Mais quoi ? Vous avez trompé ma confiance en vous faisant passer pour un autre et vous voilà fort enclin à protester alors que je vous offre l’hospitalité.

— Hmmm…

Il n’a pas tort, même si mon intrusion n’était pas préméditée, c’est certainement un acte répréhensible.

Nous avalons un peu de bière et je dis:

— Vous voulez sans doute savoir ce que je fais chez vous ?

— Sans doute, je ne peux pas le deviner.

— C’est bien le moins de vous raconter mon histoire.

— Je vous écoute.

— Tu connais Dany Robert Dufour ?

— On a été collègues.

— Je travaille pour lui, je suis biblioenquêteur…

Et je lui raconte toute l’histoire. Parce que je lui dois bien ça, parce que je n’ai pas de raison de la lui cacher et parce que, sait-on jamais, un génie comme lui aura peut-être une solution pour récupérer la lettre de Mandeville.

Quand j’ai fini, je regarde la pampa et une dame de apparaît comme si elle venait capter les rayons de soleil. Ceux-ci révèlent une créature fort belle, de haute taille méritant quantité de qualificatifs avantageux parmi lesquels « effacé » n’aurait pas sa place.

— Ma femme Margaret.

— Léonard Zantor.

Grand sourire ensoleillé et mots de bienvenue.

— Vous êtes français ?

Ça se voit tant que cela ?

Et elle se met à lui parler en allemand, à quoi il lui répond dans la même langue.

Puis il se lève. Et s’en va.

Il me laisse avec sa femme.

Elle me sourit, très cool.

Je réponds avec le meilleur sourire que je peux façonner en prenant la parole:

— La situation est bizarre, me semble-t-il.

— Nous sommes nous-même des gens bizarres.

— Remarquez…

— Vous aussi ça vous arrive ?

— D’être bizarre ?

— Oui.

— En effet et… même… probablement plus souvent… que…

— Qu’on ne le croit n’est-ce pas ?

— Oui.

— C’est important d’en avoir conscience.

— En effet, il vaut mieux.

— Donc, même si la situation est objectivement bizarre, il ne faut pas s’en effaroucher compte tenu que la probabilité qu’il en soit ainsi est loin d’être minime.

Et nous voilà à deviser sur l’étrangeté de la réalité et les méditations probabilistes afférentes.

Klug nous rejoint et Marg se lève pour repartir chuchoter dans la cuisine avec lui.

Enfin, celui-ci revient, il est pieds nus, et semble tellement décontracté que c’en est communicatif, moi qui ne l’était pas vraiment étant donné l’étrangeté de la situation.

— Marg et Askook t’ont validé.

Je le regarde, le temps d’avaler l’information.

Cela me fait sourire et me soulage. Je peux réellement laisser libre cours à la détente de mon corps et de mon âme.

— Je suis donc Klugerman compatible ?

— En quelque sorte. Une autre bière ?

— Mais…. Comment il a fait Askook ? On ne s’est pas dit un seul mot.

— Il n’a pas besoin de mots pour sentir quelqu’un, c’est même mieux de ne pas parler.

— Et…. ?

— Il vous a évalué comme non hostile et donc non menaçant étant donné que vous êtes arrivé là sans l’avoir prémédité.

— Un peu quand-même.

Cela lui fait venir un petit sourire non dénué d’ironie.

— Tu as su saisir ta chance Leonard

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Si on milite, on ne dort pas.

Publié le 27 Octobre 2022 par Colonel Spontini

Si on milite, on ne dort pas.

Voici un militant de la CGT qui n'a pas encore rangé ses pancartes alors que la manifestation du 18 octobre 2022 à Paris s'achève, comme en atteste la présence de véhicules de nettoyage envoyés par la mairie. Il accepte, tout sourire, de poser pour le Colonel. Voici l'une de ses nombreuses pancartes, (comment a-t-il fait pour défiler avec les quatre autres ?) avec un texte qui rappelle que Macron n'a recueilli que 26% de voix parmi ceux qu'ont déposé un bulletin non-blanc dans l'urne aux dernières présidentielles. Cela ne fait pas beaucoup. Ensuite et de façon plus énigmatique, il met en opposition deux actions dont l'une est l'innovation. C'est vrai qu'on ne peut pas innover et faire autre chose en même temps. Le reste du panneau est totalement abscons, peut-être est-il venu de Metz pour porter sa parole écrite et protestataire. Le Colonel a sympathisé et se retrouve en possession d'une casquette orange avec le logo d'une équipe de baseball américaine.

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